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L’économie actuelle au défi de l’IA

Ecouter Laurent Alexandre une fois dans sa vie est une expérience quasi mystique. Chez CREA, nous le suivons depuis plusieurs années avec fascination.

Sans tabous, sans langue de bois et parfois avec un brin de Darwinisme, cet extra-lucide sur les bouleversements liés à l’Intelligence Artificielle, et plus généralement aux nouvelles technologies, nous sort de la torpeur européenne ambiante où nous nous végétons et nous met face à la réalité de la donne internationale, américaine et chinoise avant tout. À la manière d’un Incal, bien loin des discours lénifiants ou affligeants, il jette un regard acide et franc sur l’avenir qui nous attend au coin de la figure.  Résumé-fleuve d’une conférence donnée par Laurent Alexandre à des étudiants en juin dernier au Campus Inseec Lyon. 

Comment les métiers vont-être impactés par l’IA ?

Il faut prendre garde aux prédictions catastrophistes. Lorsque vous lisez telle étude qui indique que 47 % des emplois vont disparaître à cause de l’IA, celle-ci ne fait que le décompte des métiers qui risquent de disparaître, pas de ceux créés. Si cette étude avait paru en 1895, elle n’aurait décompté que le nombre de maréchaux-ferrants voués à se reconvertir, pas les métiers automatisés qui allaient éclore au XXème siècle, depuis le fabricant de microprocesseurs jusqu’au chirurgien cardiaque en passant par le webmaster. Le New York Times n’avait-il pas publié en 1915, un papier sur le mensonge de l’industrie automobile en disant en substance : « il n’y a jamais eu autant de chevaux aux États unis, nous en avons 23 millions. Vous voyez donc bien que les vendeurs automobiles vous mentent, l’automobile ne remplace pas les chevaux. » Or la demande équestre s’est effondrée dans les mois qui ont suivi…

Ce qui est certain c’est que la fonction de production entre le capital et le travail va être bouleversée par l’IA. Je ne serai pas aussi pessimiste que Geoffrey Hinton, grand spécialiste du deep learning à Toronto qui a écrit récemment deux papiers en suggérant d’arrêter de former des dermatologues ou des radiologues parce que l’IA va performer mieux qu’eux. Lorsque vous vous êtes bac +12, ce qui est le cas d’un radiologue, et que l’IA analyse mieux les scanners que vous, vous ne restez pas comme un idiot à vous paupériser, vous cherchez à devenir complémentaire de cette IA. Tous les scénarios sont encore possibles, entre blocages corporatistes, remplacement des médecins par des infirmiers, extension du champ de travail, etc. (les médecins pourraient aussi allonger la durée de la consultation et faire passer la durée de la consultation, déshabillage/rhabillage compris de 6 min 30 min à 9 min, ce serait humain).

Rien ne permet de dire aujourd’hui qu’on aura moins, autant, ou plus besoin de dermatologues en 2080 qu’aujourd’hui. Et ceci est reproductible à toutes les fonctions de production.

Ce que l’on sait dans la théorie économique, c’est que lorsqu’un nouveau facteur de production plus performant survient, les sociétés en concurrence avec ce facteur voient leur valeur s’effondrer. Ainsi le travail très qualifié nécessaire pour gérer, encapsuler l’IA va voir sa valeur augmenter. Cela changera assez radicalement la façon dont on travaille actuellement. Et il existe une incertitude énorme sur la robotisation. Les robots de Boston Dynamics que tout le monde admire sur YouTube vont-ils encore longtemps couter 1,5 millions de dollars pièce, ou est-ce que Son va faire baisser les prix, comme il l’espère, jusqu’à 30’000 $ ?

Nous vivons une période assez curieuse où le travail très qualifié est à l’équilibre, alors qu’on assiste à une baisse du pouvoir d’achat des cadres moyens depuis 30 ans, et une explosion du travail non qualifié, éventuellement réalisé par des gens qui sont bac +4, bac +5. C’est encore plus net aux USA, où une partie du travail non qualifié est effectué par des personnes diplômées. Ce n’est pas un système sain. Dans un deuxième temps, on peut craindre une baisse de la demande du travail moyennement qualifié, et si le prix des robots baisse avec une démocratisation autour de 2030 et 2040, le travail non qualifié, après avoir atteint un maximum, va s’effondrer. Pour faire fortune en 2040, il faudra par conséquent savoir gérer les interfaces avec l’IA. Tant que l’IA a besoin de l’intelligence humaine, le cœur de la gestion de valeur restera la gestion de cette interface.

Sur le marché du travail, de nombreux scénarios sont possibles : soit on a une interdiction de l’IA, soit une douce adaptation, soit encore une fusion, mais pas sûr que les gens soient d’accord de s’implanter des puces dans le cerveau pour avoir un QI de 200… Je vous laisse imaginer votre scénario préféré.

Quels conseils donner aux jeunes générations ?

Je suis chirurgien, médecin donc, et j’écris sur les sujets de l’intelligence depuis longtemps. De nombreux adolescents, d’étudiants, ou même de parents, tous influencés par les conférences sur l’IA, les TEDx etc., m’appellent et me disent « Mon objectif est de changer le monde ». Il ne faudrait pas que les jeunes se fixent des objectifs irréalistes, sinon ils vont devenir malheureux ou aigris. Face aux jeunes générations, il faut prendre garde de ne pas favoriser des emboises de dévalorisation importantes.

Nous vivons dans un siècle extraordinaire, le siècle d’or des entrepreneurs, des innovateurs, de managers, des savants, etc. Alors n’écoutez pas tous les vieux schnocks qui vous disent que le monde de l’IA va être épouvantable, il ne faut pas vivre sa vie comme Romain Gary a vécu sa vie : catastrophé par la vieillesse, l’âge, ayant peur de tout. Le monde qui vient est un monde extraordinaire, vous êtes la génération la plus gâtée de l’histoire, vous allez entreprendre des réalisations fantastiques, jouissez de la vie, échafaudez pleins de business, n’écoutez pas trop les utopistes mortifères qui vous disent que demain tout ira mal. Vous avez, je le répète, une chance fantastique, l’IA va faire de vous des gens qui auront la vie la plus passionnante que les humains n’auront jamais vécue.

Propos recueillis par Illyria Pfyffer

À lire absolument : LA GUERRE DES INTELLIGENCES par Laurent Alexandre. Editions JC Lattès

Vous pouvez également retrouver ci-dessous la conférence de Laurent Alexandre lors du CREA Digital Day 2017

Photo : The Mac Observer

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