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Evolution du métier de développeur informatique

Taha Ridene

Par Taha Ridene

Publié le 

Archives 6 mins

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Entre exigence d’expertise, besoin de pragmatisme et nécessité d’abstraction.

Le début, l’expertise est nécessaire

Depuis la machine de Turing (1936), expérimentée initialement en cryptologie, le métier de développeur informatique (communément appelé DEV) a évolué d’une façon considérable allant de la diversification des contextes applicatifs à l’exploration de nouveaux domaines d’utilisation de l’ordinateur.

Jusqu’aux années 1990-1995, et malgré la diversification, le DEV est resté un métier de spécialistes, et l’informaticien avait souvent l’allure du GEEK, qui manipulait d’une façon complexe mais experte l’ordinateur et ses différents secrets. Durant cette période, le développement était orienté bas niveau (programmation dans des langages proches du processeur tel que le langage assembleur). Dans ce contexte, l’ingénieur DEV manipulait des ordinateurs avec des interfaces minimalistes, très peu ergonomiques (ex. interface DOS noir et blanc). Le développement se basait sur de la programmation traitant des systèmes de fichiers complexes. Comme langages on peut citer COBOL, C, ADA ou même C++ et D. Les applications, qui en découlaient, présentaient une grande qualité, en dépit d’une complexité de maintenance et d’une lourdeur assez conséquente.

Le WEB et le Mobile, l’ère de l’abstraction

Néanmoins une révolution s’est opérée au cours de ces dernières décennies avec la création du Web par le CERN en 1980. Avec le boom du web (1999-2001) l’usage de l’informatique s’est radicalement transformé, et une nouvelle ère du pragmatisme s’est ouverte dans les métiers du DEV. Les langages sont devenus moins restrictifs, plus légers, et surtout permissifs à l’erreur (HTML/CSS/SQL). On parle alors de l’émergence d’un nouveau métier, celui de développeurs WEB. Par ailleurs, l’évolution des systèmes de stockage en systèmes de gestion de bases de données « relationnelles » ou « objets » a conduit à plus de flexibilité dans la gestion des contenus. Dans les métiers du Web, une nouvelle taxonomie est alors apparue faisant apparaître une séparation entre les Développeurs « Back End » et les Développeurs « Front End ». De manière assez logique un nouveau métier rassemblant ces deux univers est apparu, celui d’architecte Web. Au fur et à mesure, le domaine du Web est donc devenu de plus en plus mûr, des standards ont vu le jour, et des frameworks optimisés (en PHP, .NET ou en JEE) ont émergé pour le bonheur des développeurs « Back end » qui n’ont qu’à suivre une architecture logicielle prédéfinie et des règles claires de programmation pour arriver aux résultats escomptés. Côté « Front End », des outils de Design Wysiwyg [1]« centralisés » ont amené beaucoup plus de facilité aux développeurs.

Une autre innovation a révolutionné le métier de DEV en informatique, ce fut le boom de la téléphonie mobile et la démocratisation des smartphones, vers les années 2010. De nouveaux défis sont apparus, les applications développées initialement pour du web fonctionnant sur des ordinateurs classiques, devaient naturellement être déployables sur terminal mobile. Cela a abouti à l’apparition d’un nouveau métier, à savoir le DEV des applications mobiles pour smartphone et tablettes. Ces développements, à la différence des langages de programmation de base, ont été standardisés et guidés par trois constructeurs : « IOS, Android, et Windows Mobile ». L’ingénieur DEV nécessite une formation sur les SDKs [2] pour contribuer à ce type d’applications. Néanmoins de nouvelles plateformes logicielles proposant du Design Wysiwyg pour la réalisation d’application mobile en faisant abstraction du langage initial, ont facilité la vulgarisation de ce type de développement.

Le cloud et le BIG Data, le pragmatisme et l’optimisation

L’arrivée de la notion du BIG DATA (données en volumétries conséquentes) et la virtualisation via le Cloud (informatique dans le nuage), ont ouvert d’immenses possibilités pour les développeurs, qui ne sont plus obligés de passer un temps non négligeable pour la configuration de leurs machines, et pour l’installation de leurs serveurs, car tout peut être commandé directement via des plateformes cloud. Cette flexibilité pousse les développeurs à élever encore plus leur niveau de pragmatisme et à se concentrer directement sur l’usage de leurs applications, et sans se soucier des contraintes techniques. Dans cette optique, le DEV web via une plateforme logicielle en ligne (sur le cloud) peut construire directement son site web (dynamique) grâce à l’intégration de « templates » existants, et le mettre en production même en une matinée. On parle alors d’acteur du web non expert. Ce type de métier ne nécessite pas forcément une connaissance aboutie de la programmation (qui était une obligation au début de l’air de l’informatique), mais juste d’une formation sur la manipulation du logiciel en ligne pour l’intégration des « templates ».

L’intelligence artificielle une révolution

Pour comprendre la tendance future du métier du développeur, il faut se rendre compte que si la spécialisation était une obligation pour la pratique de l’informatique, aujourd’hui et sur la majorité du panel des applications informatiques, force est de constater que ce n’est plus le cas. Ainsi le métier de DEV se limitera à deux types de profils :

  • • Les développeurs avec un « haut niveau » d’abstraction : ils n’écrivent pas de code, et leur rôle consiste à rassembler des briques optimisées, qu’ils n’ont pas besoin de remettre en cause et qu’ils considèrent comme des boites noires.
  • • Les développeurs spécialistes « bas niveau/intermédiaire » : ce sont eux qui vont mettre en place ces briques de base pour remplir le besoin des développeurs haut niveau.

En ce qui concerne les perspectives d’évolution à long terme des métiers du DEV, nous imaginons des plateformes logicielles autonomes révolutionnées par la notion d’intelligence artificielle (IA), qui permettront d’optimiser encore plus les étapes de développement. Nous imaginons des plateformes auxquelles l’utilisateur non expert soumettra une requête pour la réalisation d’une application informatique. Le « logiciel robot avec IA intégrée » via un échange intelligent arriverait en quelques étapes à produire une première version de ce qui est demandé. Cette première version serait améliorée par une interaction entre « utilisateur non expert » et « logiciel robot avec IA intégrée ». Au bout de quelques cycles d’itération, la version finale de l’application demandée serait mise à disposition.

D’ici là, soyez rassurés, le métier de DEV en informatique a encore de longues années devant lui, car ces plateformes intelligentes et futuristes, auront besoin de personnes capables de les développer, les maintenir et les réguler.

Taha RIDENE, Président RTIT Consulting
Docteur en Informatique Temps Réel Robotique et Automatique
Chercheur Spécialiste en Imagerie 3D Réalité Virtuelle et Augmentée

Un grand merci aux relecteurs Dr. Oussama El Hamzaoui, Dr. Max Agueh, Dr. Hycham Aboutaleb et Mme. Synda Ben Jerad pour leur contribution.

[1] Wysiwyg : What You See Is What You Get

[2] SDK : Software Development Kit

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